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Verdict : 3/5Critique One Battle After Another en deux mots : grand spectacle en VistaVision, adrénaline à gogo, mais un propos politique qui reste trop sage. Si tu veux le show, fonce. Si tu veux la gifle intellectuelle, tu resteras sur ta faim.

  • Titre : One Battle After Another (Une bataille après l’autre)
  • Réalisateur : Paul Thomas Anderson
  • Durée : 2h50
  • Avec : Leonardo DiCaprio, Sean Penn, Chase Infiniti, Teyana Taylor, Benicio del Toro, Regina Hall
  • Genre : Thriller d’action politique

Grand spectacle lisible et tendu en VistaVision, set-pieces soignées,
réalisation au cordeau et présence marquante de Teyana Taylor.
Pour le show en salle, c’est du tout bon.

 

One Battle After Another (résumé sans spoiler)

Parce que, oui, attention révélation ! One Battle After Another est à l’image de ces superproductions calibrées jusqu’à la moelle : ébouriffant visuellement, certes, mais terriblement creux sur le fond (du moins de mon point de vue).

Paul Thomas Anderson nous livre un vrai feu d’artifice de cinéma, magistralement orchestré, il faut le reconnaître, mais dont l’éclat cache mal un certain vide de sens.

Le pire, c’est qu’il ne pouvait pas vraiment en être autrement. Cela fait un moment qu’Hollywood nous joue la carte de la prudence, même un cinéaste auteur comme PTA finit par adapter un roman culte en thriller d’action survitaminé, avec un budget pharaonique à la clé.

Difficile, dans ces tristes équations comptables, de ne pas voir l’incongruité du résultat. Adaptez un roman subversif de Thomas Pynchon en blockbuster grand public, et vous oubliez que ce qui faisait aussi le succès du matériau d’origine, c’était justement son audace et sa folie.

Dans mon cas, par exemple, j’admire depuis longtemps la virtuosité technique de PTA sans toujours être happé émotionnellement par ses films. Malgré tout, il arrivait à me surprendre à chaque nouveau projet grâce à un univers riche et des partis pris narratifs forts.

Ici, je me suis d’abord laissé prendre par ce film, car on me proposait une première partie intense, crue, portée par une Teyana Taylor galvanisante en révolutionnaire extrémiste. Mais lorsque One Battle After Another bascule ensuite dans sa traque infernale sur 16 ans, je n’ai plus été confronté à une proposition véritablement nouvelle.

 

Un spectacle explosif au service d’une intrigue convenue

Au début, One Battle After Another impressionne franchement. On assiste à l’évasion musclée d’un camp de détention à la frontière mexicaine, fusillades nerveuses, mise en scène viscérale, montage ultra-dynamique.

Anderson nous prend à la gorge avec une réalisation au cordeau et un souci du détail jouissif. Le film est bourré de morceaux de bravoure, explosion d’un siège politique, braquage de banque chaotique, blackout géant sur la ville…

La caméra en VistaVision nous offre des images larges somptueuses, et chaque séquence d’action est limpide et percutante. Il faut voir cette course-poursuite en plein désert ou cette émeute générale filmée en plan-séquence pour comprendre à quel point le réalisateur se fait plaisir avec le grand spectacle.

Mais une fois l’introduction passée, le récit rentre rapidement dans le rang. Seize ans plus tard, on retrouve Bob (Leonardo DiCaprio) planqué incognito avec sa fille ado, jusqu’à ce que Lockjaw (Sean Penn) ressurgisse pour kidnapper la gamine.

Ce qui s’ensuit n’est rien d’autre qu’une longue chasse à l’homme certes efficace, mais ultra-balisée. On devine chaque étape de ce périple père-fille contre le grand méchant colonel tordu.

Le schéma est classique : séparation, cavale, alliés providentiels, puis affrontement final. Franchement, One Battle After Another coche toutes les cases du thriller d’action old school.

Au menu de ce blockbuster façon PTA :

  • Course-poursuite effrénée sur l’autoroute (avec crash explosif, évidemment).
  • Fusillade et raid militaire dans un repaire d’activistes, plein de bastos et de testostérone.
  • Duel final entre Bob et son ennemi juré, sur fond de révélations familiales et de vengeance personnelle.
  • Conclusion « émouvante » un peu forcée, qui retombe comme un soufflé après 2h40 de chaos.

Tout ça sent le déjà-vu. Pire, tout ça a aussi des allures de dévoiement du propos initial. En privilégiant la formule du film d’action pur, PTA finit par éviter son sujet, pire, il s’engage sur un chemin presque antithétique à l’esprit de ses débuts.

Il n’y a rien d’anodin à reprendre les codes du buddy movie et du thriller Terminator-esque pour aborder des thèmes aussi complexes que l’extrémisme politique ou la lutte révolutionnaire. Autant le délire explosif et l’atmosphère semi-farce convenaient pour divertir, autant ça paraît inadapté pour creuser le fond du problème.

La révolution, la violence d’État, l’oppression systémique… Ce ne sont pas que des prétextes à cascades. Ce sont des réalités brutales qui mériteraient un traitement moins superficiel. Or, dans le monde de One Battle After Another, ces enjeux restent au second plan, réduits à un décor.

Le film ne questionne jamais vraiment le système qu’il dépeint. Tout est cool, stylisé, fun. Le problème n’est jamais la société, la norme ou le politique. Non, le problème vient surtout de Bob qui a foiré sa vie, de Lockjaw qui pète un câble, bref d’individus paumés qu’il faut recadrer.

En gros, la guerre civile est présentée comme une suite de querelles personnelles entre un ex-radical défoncé et un colonel cinglé en mal d’attention. On est loin d’une critique sociale à la hauteur.

De là découlent deux problèmes énormes qui ont fini de doucher mon enthousiasme. D’un côté, le film véhicule une imagerie ultra-artificielle de la « révolution », on a droit à des militants en mode scooby-gang bienveillant, à un réseau de résistants good vibes qui surgissent opportunément (mention spéciale à Benicio del Toro en senseï cool qui exfiltre les sans-papiers entre deux leçons de karaté).

C’est presque trop gentil et propret pour être honnête. De l’autre, One Battle After Another s’abandonne entièrement au conte libéral centré sur le self, on retombe sur une histoire de rédemption perso et de développement intérieur.

Au final, le message semble être « gère tes démons et tout ira bien ». Et ça, désolé, mais ce n’est pas vraiment ce que j’attends d’un film se voulant le reflet des maux de notre époque, ni ce qui faisait la force des premiers chefs-d’œuvre de PTA.

 

👍 Points forts

  • 💥 Réalisation explosive et séquences d’action lisibles, intenses et spectaculaires.
  • 🎭 Casting cinq étoiles (Leonardo DiCaprio touchant, Sean Penn monstrueux, révélation Chase Infiniti).
  • 😈 Humour noir et audace satirique dans le traitement de sujets actuels.

👎 Points faibles

  • 🕒 Durée excessive (2h50) avec des baisses de rythme et un final un peu bâclé.
  • 🎢 Ton bancal (grand écart entre drame sérieux et cartoon sarcastique, peut dérouter).
  • ✏️ Écriture superficielle qui évite le fond du sujet et simplifie les enjeux.

 

Satire politique mordante ou message édulcoré ?

On pourrait se dire que j’exagère et que PTA livre quand même un pamphlet féroce sur l’Amérique. Après tout, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Son film aligne les références à tout ce qui cloche en 2025, camps d’immigration transformés en prisons, milices suprémacistes qui infiltrent l’armée, flics ultraviolents, culture du complot… One Battle After Another est sans conteste l’œuvre la plus ouvertement politique de son auteur.

Paul Thomas Anderson intègre même des extraits de La Bataille d’Alger en clin d’œil, et nous sert des morceaux de Gil Scott-Heron en BO pour annoncer la couleur. Niveau subtilité, on repassera, on est plus proche de la masse dans l’estomac que de la fine allusion. Mais au moins, ça a le mérite d’aborder des sujets brûlants.

Le souci, c’est que toute cette rage semble finalement un peu vaine. Oui, le film montre un pays au bord de la guerre civile, polarisé à l’extrême. Oui, il caricature à peine ces élites en mode club secret de néo-nazis (leur fameux Christmas Adventurers Club où l’on se salue au cri de « Hail Saint Nick! », il fallait oser 😅).

Sur le moment, j’avoue que j’ai ri jaune devant ces illuminés en toges rouges et blanches. C’est satirique et over the top, clairement. Tout comme la performance de Sean Penn, qui cabotine brillamment en colonel cinglé et raciste, façon cartoon live-action.

Le film flirte souvent avec le ridicule assumé, et c’est là qu’il est le plus mordant, Anderson se moque de ses méchants comme un gamin moque un tyran dans une cour de récré, avec un plaisir non dissimulé.

Malheureusement, en s’en tenant à cette moquerie un peu facile, le film évite d’affronter vraiment le fond. Aucun discours de fond, aucun débat d’idées sérieux n’émerge. La révolution est traitée comme un donné, pas besoin de creuser pourquoi ni comment des gens en arrivent là.

Ce déficit de contexte fait que, malgré tout son tapage, One Battle After Another donne l’impression de brasser du vent. On assiste à un grand huit frénétique, mais une fois descendus du manège, il ne reste pas grand-chose à se mettre sous la dent niveau réflexion. PTA semble plus préoccupé à nous en mettre plein les mirettes qu’à nous secouer les méninges.

 

Un casting survolté mais inégal

Parlons du casting justement, parce que là-dessus le film avait de quoi vendre du rêve. Leonardo DiCaprio en ex-soixante-huitard fracassé et papa poule surprotecteur, c’est inattendu et plutôt savoureux.

Barbu, bedonnant, affublé d’un peignoir digne du Big Lebowski, il apporte une autodérision bienvenue à son personnage de Bob. Leo est charismatique et fait le job, sans forcer son talent non plus.

En face, Sean Penn livre une performance XXL, son Colonel Lockjaw est absolument odieux, flippant et bizarrement drôle malgré lui. Penn en fait des tonnes (roulements d’épaules, rictus de psycho, regard halluciné), mais pour incarner un fou furieux pareil, ça passe crème. Je ne serais pas surpris qu’on lui décroche une petite nomination tant il domine l’écran dès qu’il apparaît.

Autour d’eux, on a une galerie de seconds rôles haut en couleur. Benicio del Toro est excellent en maître zen qui cache un justicier, apportant un contrepoint cool au stress permanent de DiCaprio, chaque fois que le rythme menace de faiblir, Benicio débarque avec son flegme et ça repart.

La jeune Chase Infiniti, elle, est une révélation, en adolescente plus futée que son daron, elle tient tête à DiCaprio et Penn sans flancher. Son face-à-face tendu avec Penn dans le dernier acte est l’un des seuls moments vraiment puissants émotionnellement du film.

À côté de ça, c’est vrai que Regina Hall fait presque de la figuration : son personnage de Deandra, pourtant badass sur le papier, n’a pas assez de scènes marquantes pour exister pleinement. Dommage, car l’actrice était partante mais le script ne lui rend pas justice.

 

🗣️ Martin Dupont : “Un thriller virtuose et férocement actuel, mené tambour battant par un PTA en pleine forme.” ⭐⭐⭐⭐⭐

🗣️ Sophie Tremblay : “Malgré ses qualités visuelles indéniables, le film se perd dans un message confus et superficiel.” ⭐⭐⭐

 

Intrigue prévisible et survol politique, 2h50 qui tirent un peu en longueur
et un final appuyé. Si tu veux une lecture politique musclée, tu risques d’être déçu.

 

Au final, ça passe ou ça casse ?

Critère Ma note Appréciation
Réalisation ⭐⭐⭐⭐☆ Époustouflante
Scénario ⭐⭐⭐☆☆ Prévisible
Interprétation ⭐⭐⭐⭐☆ Énergique
Musique & son ⭐⭐⭐☆☆ Inégal

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Pour conclure : si tu cherches un divertissement bourré d’adrénaline et d’ironie, fonce voir One Battle After Another : tu en auras pour ton argent. En revanche, si tu espérais la profondeur émotionnelle d’un Magnolia ou la subtilité d’un Phantom Thread, tu risques de rester sur ta faim. À voir sur écran géant pour le show – mais on est en droit d’en attendre un peu plus niveau fond.

 

FAQ — Critique One Battle After Another

Le film vaut-il le coup en salle ?

Oui pour la mise en scène et l’adrénaline ; non si tu veux une critique sociale fouillée.

Est-ce vraiment un film politique ?

Il brandit des thèmes brûlants, mais reste en surface : satire appuyée, analyse limitée.

À qui plaira le plus One Battle After Another ?

Aux amateurs de chasses à l’homme XXL, de figures bigger-than-life (Penn en tête) et de set-pieces lisibles.

CestQuelFilm https://cestquelfilm.fr/actualite

🎥 Cinévore obsessionnel | 🖊️ Critiqueur en chef de l’ennui | 🎭 Sarcasme en Dolby Atmos

« Si un film me plaît, c’est un chef-d'œuvre. Si je le déteste, c’est une purge cosmique. Y a pas d’entre-deux. »

📌 Objectif : Dézinguer les clichés, sacrer les pépites et survivre aux navets.

📢 Cinéastes, tremblez. Spectateurs, suivez-moi. 🚀

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